Land art
Un Chemin de la Terre au Ciel
Aout 2011
Pour sa vingtième édition, la Foire à la Poterie d’Uzech (organisée par l’Oulo d’Uzech) m’a demandé d’imaginer une œuvre de land art en utilisant la terre des carrières voisines. Je lui ai proposé un chemin de la Terre au ciel.
Jean-Pierre Tejadas, premier potier à avoir ranimé la tradition potière d’Uzech, avait réalisé en 2000 une magnifique Terre qui a été le point de départ de l’installation : un chemin de quatre cents mètres qui court de maisons en arbres et s’envole de terrasses en toitures. Quatre cents mètres de filets pare-grêle imprégnés d’une barbotine faite avec l’argile de la carrière voisine.
Le dimanche 21 août, lendemain de l’installation du chemin, la performance publique a consisté à modeler une nouvelle Terre d’argile, peu à peu engloutie par les nuages…
VB
J’ai accompagné Véronique Brill à Uzech Les Oules, village qui fut durant des siècles le creuset d’une large et vaste production de terre vernissée et de matériaux de construction en terre cuite. Le village est sur une hauteur et on peut voir au loin les carrières d’argile qui déchirent le paysage. L’association l’Oulo d’Uzech s’emploie depuis 1992 à faire renaître la tradition (le dernier potier avait disparu en 1956) en organisant, la Foire à la Poterie d’Uzech, un dimanche d’août, qui attire une assistance nombreuse, au regard de la taille du village. A cette occasion, différents arts sont sollicités pour des performances ; Pour sa vingtième édition, c’est le land art qu’elle consacre. Nous sommes au printemps, Véronique est venue voir le village, pour faire une proposition à cette association (proposition qui a été sélectionnée et réalisée le 21 août 2011).
La contrainte, dans cet appel, est d’utiliser la terre qui lui sera fournie à volonté. Nous visitons la carrière, faisons provision de terre et, bien sûr, de cailloux. C’est lors d’un voyage qui l’amène encore à traverser les vallées, avec leurs vergers habillés, que s’impose dans ses visions les filets, qu’elle se propose de tremper dans de la barbotine pour les déployer au-dessus des rues du village. Il faut ensuite les ramener sur terre ; elle voit le filet descendre sur le lieu de la performance vers une très grosse boule d’argile, une sphère symbolisant la Terre.
Elle réalise une maquette et poste le projet. Celui-ci retenu, on lui parle alors du premier potier revenu à Uzech, il y a une vingtaine d’année et qui, justement, a réalisé une sphère de 2 mètres de diamètre sur laquelle est dessinée une Terre, œuvre qui a été conservée… Coïncidence ? Rencontre des imaginaires ?
Ce projet ne peut plus lui échapper. Lors de la réalisation, elle met en scène ce lien. Son filet coloré par la terre du Lot qui se déploie sur 400 mètres part de la sphère de Jean-Pierre Tejadas, qu’elle a fait installer à l’entrée du marché, pour aboutir et venir enserrer de ses volutes la sphère qu’elle a elle-même construite, avec l’aide complice d’un ancien maçon et de quelques villageois, à l’autre bout du village. Elle n’a pas étudié l’histoire du village, elle a simplement pris contact, laissé son imagination aller et cela a suffi pour réveiller une mémoire profonde de ce village.
Gilles Allaire
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